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était enlevé au roi et réservé à la nation, elle n’a pas péri parce qu’elle ne plaçait le pouvoir législatif que dans une seule chambre au lieu de le diviser en deux ; ces prétendus vices se retrouvent dans beaucoup d’autres constitutions, et elles durent. L’amoindrissement du pouvoir royal n’était pas pour la royauté de 91 le principal danger : c’était plutôt son salut, si elle eût pu être sauvée.


VI

Plus on aurait donné de pouvoir au roi et d’action au principe monarchique, plus vite le roi et le principe seraient tombés ; car plus on se serait armé de défiance et de haine contre eux. Deux chambres, au lieu d’une, n’auraient rien préservé. Ces divisions du pouvoir n’ont de valeur qu’autant qu’elles sont consacrées. Elles ne sont consacrées qu’autant qu’elles sont la représentation de forces réelles existantes dans la nation. Une Révolution qui ne s’était pas arrêtée devant les grilles du château de Versailles aurait-elle donc respecté cette distinction métaphysique du pouvoir en deux natures ?

D’ailleurs, où étaient et où seraient encore aujourd’hui les éléments constitutifs de deux chambres, dans une nation dont la révolution tout entière n’est qu’une convulsion vers l’unité ? Si la seconde chambre est démocratique et viagère, elle n’est que la démocratie en deux personnes ; elle n’a qu’un esprit. Elle ne peut servir qu’à ralentir l’impulsion ou