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chambre législative, un sénat de nobles, et qui implorent, pour arriver à leur but, une intervention armée des puissances ! Ils sont vendus au château des Tuileries, et ils lui vendent un grand nombre de membres de l’Assemblée. Ils n’ont parmi eux ni hommes de génie, ni hommes de résolution. Leurs talents, c’est la trahison ; leur génie, c’est l’intrigue. »

C’est ainsi que les Girondins et les Jacobins, alors confondus, préparaient contre les Feuillants les émeutes qui ne devaient pas tarder à disperser ce club.

Pendant que les Girondins agissaient ainsi, les royalistes purs ne cessaient pas, dans leurs feuilles, de pousser aux excès, pour trouver, disaient-ils, le remède dans le mal même. Ainsi on les voyait exalter les Jacobins contre les Feuillants, et verser à pleines mains le ridicule et l’injure sur les hommes du parti constitutionnel, qui tentaient de sauver un reste de monarchie. Ce qu’ils détestaient avant tout, c’était le succès de la Révolution. Leur doctrine de pouvoir absolu recevait un démenti moins humiliant pour eux du renversement de l’empire et du trône que d’une monarchie constitutionnelle préservant à la fois le roi et la liberté. Depuis que l’aristocratie était dépossédée du pouvoir, sa seule ambition et sa seule tactique étaient de le voir tomber aux mains des plus scélérats. Impuissante à se relever par sa propre force, elle chargeait le désordre de la relever. Depuis le premier jour de la Révolution jusqu’au dernier, ce parti n’a pas eu d’autre instinct. C’est ainsi qu’il s’est perdu lui-même en perdant la monarchie. Il a poussé la haine de la Révolution jusqu’à la perversité. Il n’a pas la main dans les crimes de la Révolution, mais il y participe par ses vœux. Il n’y a pas un des excès du peuple