Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les voleurs des quatre-vingt-trois départements, en tête desquels sont les noms exemplaires des membres du directoire de Paris ; pères de la patrie ! il y a là une telle complication d’ingratitude et de fourberie, de prévarication et de perversité, d’hypocrite philosophie et de modération perfide, que nous nous rallions à l’instant autour des décrets et autour de vous ! Continuez, fidèles mandataires ! et si on s’obstine à ne pas vous permettre de sauver la nation, eh bien, sauvons-nous nous-mêmes ! Car enfin la puissance du veto royal aura un terme, et on n’empêche pas avec un veto la prise de la Bastille.

» Il y a longtemps que nous avons la mesure du civisme de notre directoire : quand nous l’avons vu par une proclamation incendiaire, non pas rouvrir les chaires évangéliques à des prêtres, mais des tribunes séditieuses à des conjurés en soutane ! Leur adresse est un écrit tendant à avilir les pouvoirs constitués ; c’est une pétition collective, c’est une incitation à la guerre civile et au renversement de la constitution. Certes, nous ne sommes pas les admirateurs du gouvernement représentatif, sur lequel nous pensons comme Jean-Jacques Rousseau ; mais si nous en aimons peu certains articles, nous aimons encore moins la guerre civile. Autant de motifs d’accusation ! La forfaiture de ces hommes est établie. Frappez-les ! Mais si la tête sommeille, comment le bras agira-t-il ? Ne levez plus ce bras ; ne levez plus la massue nationale pour écraser des insectes. Un Varnier ! un de Lâtre ! Caton et Cicéron faisaient-ils le procès à Céthégus ou à Catilina ? Ce sont les chefs qu’il faut poursuivre ! Frappez à la tête. »

Cette verve d’ironie et d’audace, applaudie moins par des battements de mains que par des éclats de rire, ravit