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planent sur vos têtes et sur les nôtres ; dites aux ministres : « Nous aimons le peuple ; que votre supplice commence ! Les tyrans vont mourir ! »


XX

Camille Desmoulins, l’Aristophane de la Révolution, emprunta ensuite la voix sonore de l’abbé Fauchet pour se faire entendre. Camille Desmoulins était le Voltaire de la rue ; il frappait ses passions en sarcasmes. « Représentants, disait-il, les applaudissements du peuple sont sa liste civile, l’inviolabilité du roi est une chose infiniment juste, car il doit par nature être toujours en opposition avec la volonté générale et avec nos intérêts. On ne tombe pas volontairement de si haut. Prenons exemple de Dieu, dont les commandements ne sont jamais impossibles ; n’exigeons pas du ci-devant souverain un amour impossible de la souveraineté nationale ; trouvons tout simple qu’il apporte son veto aux meilleurs décrets ! Mais que les magistrats du peuple, que le directoire de Paris, que les mêmes hommes qui ont fait fusiller, il y a quatre mois, au Champ de Mars, les citoyens signataires d’une pétition individuelle contre un décret qui n’était pas rendu, inondent l’empire d’une pétition qui n’est évidemment que le premier feuillet d’un grand registre de contre-révolution, une souscription à la guerre civile, envoyée par eux à la signature de tous les fanatiques, de tous les idiots, de tous les esclaves, de tous