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tendresse du cœur sous la majesté du sort. Ses cheveux blond cendré étaient longs et soyeux ; son front, haut et un peu bombé, venait se joindre aux tempes par ces courbes qui donnent tant de délicatesse et tant de sensibilité à ce siége de la pensée ou de l’âme chez les femmes ; les yeux de ce bleu clair qui rappelle le ciel du Nord ou l’eau du Danube ; le nez aquilin, les narines bien ouvertes et légèrement renflées, où les émotions palpitaient, signe du courage ; une bouche grande, des dents éclatantes, des lèvres autrichiennes, c’est-à-dire saillantes et découpées ; le tour du visage ovale, la physionomie mobile, expressive, passionnée ; sur l’ensemble de ces traits, cet éclat qui ne se peut décrire, qui jaillit du regard, de l’ombre, des reflets du visage, qui l’enveloppe d’un rayonnement semblable à la vapeur chaude et colorée où nagent les objets frappés du soleil : dernière expression de la beauté qui lui donne l’idéal, qui la rend vivante et qui la change en attrait. Avec tous ces charmes, une âme altérée d’attachement, un cœur facile à émouvoir, mais ne demandant qu’à se fixer, un sourire pensif et intelligent qui n’avait rien de banal, des intimités, des préférences, parce qu’elle se sentait digne d’amitiés. Voilà Marie-Antoinette comme femme.


XIII

C’était assez pour faire la félicité d’un homme et l’ornement d’une cour. Pour inspirer un roi indécis et pour faire