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-on tolérer ceux qui ne veulent tolérer ni la constitution ni les lois ? Sera-ce quand le sang français aura teint les flots de la mer que vous sentirez enfin les dangers de l’indulgence ? Il est temps que tout se soumette à la volonté de la nation ; que tiares, diadèmes et encensoirs cèdent enfin au sceptre des lois. Les faits qui viennent de vous être exposés ne sont que le prélude de ce qui va se passer dans le reste du royaume. Considérez les circonstances de ces troubles, et vous verrez qu’ils sont l’effet d’un système désorganisateur contemporain de la constitution : ce système est né là. (Il montre du geste le côté droit.) Il est sanctionné à la cour de Rome. Ce n’est pas un véritable fanatisme que nous avons à démasquer, ce n’est que l’hypocrisie ! Les prêtres sont des perturbateurs privilégiés qui doivent être punis de peines plus sévères que les simples particuliers. La religion est un instrument tout-puissant. Le prêtre, dit Montesquieu, prend l’homme au berceau et l’accompagne jusqu’à la tombe, est-il étonnant qu’il ait tant d’empire sur l’esprit du peuple, et qu’il faille faire des lois pour que, sous prétexte de religion, il ne trouble pas la paix publique ? Or, quelle peut être cette loi ? Je soutiens qu’il n’y en a qu’une efficace : c’est l’exil hors du royaume. (Les tribunes couvrent ces mots de longs applaudissements.) Ne voyez-vous pas qu’il faut séparer le prêtre factieux du peuple qu’il égare, et renvoyer ces pestiférés dans les lazarets de l’Italie et de Rome ? Cette mesure, me dit-on, est trop sévère. Quoi ! vous êtes donc aveugles et sourds à tout ce qui se passe ? Ignorez-vous qu’un prêtre peut faire plus de mal que tous vos ennemis ? On répond : Il ne faut pas persécuter. Je réplique que punir n’est pas persécuter. Je réponds encore à ceux qui répètent ce que j’ai entendu dire