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Vergniaud, l’orateur encore inconnu de la Gironde, révéla, dès les premiers mots, ce caractère à la fois audacieux et indécis qui fut le type de sa politique. Sa parole flotta comme son âme. Il parla pour un parti et conclut pour l’autre. « On paraît d’accord, dit-il, que si le décret est de police intérieure, il est exécutable sur-le-champ ; or il est évident, pour moi, que le décret est de police intérieure, car il n’y a pas là de relation d’autorité entre le corps législatif et le roi. Il ne s’agit que de simples égards que l’on réclame en faveur de la dignité royale. Je ne sais pourquoi on paraît désirer le rétablissement de ces titres de Sire et de Majesté qui nous rappellent la féodalité. Le roi doit s’honorer du nom de roi des Français. Je demande si le roi vous a demandé un décret pour régler le cérémonial de sa maison quand il reçoit vos députations ! Cependant, pour dire franchement mon avis, je pense que si le roi, par égard pour l’Assemblée, se tient debout et découvert, l’Assemblée, par égard pour le roi, doit se tenir découverte et debout. »

Hérault de Séchelles demanda que le décret fût rapporté. Champion, député du Jura, reprocha à ses collègues d’employer leurs premières séances à de si puérils débats. « Je ne crains pas l’idolâtrie du peuple pour un fauteuil d’or ; mais ce que je crains, c’est une lutte entre les deux pouvoirs. Vous ne voulez pas des mots Sire et Majesté ; vous ne voulez pas même qu’il soit donné au roi des applaudissements, comme s’il était possible d’interdire au peuple les manifestations de sa reconnaissance quand le roi les aura méritées ! Ne nous déshonorons pas, Messieurs, par une ingratitude coupable envers l’Assemblée nationale, qui a conservé au roi ces signes de respect. Les fondateurs