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ordres convenables pour qu’elles soient prêtes à se mettre en activité. »

On voit que cette déclaration, à la fois menaçante et timide, était trop pour la paix, trop peu pour la guerre. De telles paroles attisaient la révolution sans l’étouffer. On y sentait à la fois l’impatience de l’émigration, la résolution du roi de Prusse, l’hésitation des puissances, la temporisation de l’empereur. C’était une concession à la force, à la faiblesse, à la guerre et à la paix. L’état de l’Europe s’y trahissait tout entier. C’était la déclaration de l’incertitude et de l’anarchie de ses conseils.


XVII

Après cet acte imprudent et insuffisant à la fois, les deux souverains se séparèrent. Léopold alla se faire couronner à Prague. Le roi de Prusse retourna à Berlin et mit son armée sur le pied de guerre. Les émigrés, triomphants de l’engagement qu’ils avaient obtenu, grossirent leurs rassemblements. Les cours de l’Europe, à l’exception de l’Angleterre, envoyèrent des adhésions équivoques aux cours de Berlin et de Vienne. Le bruit de la déclaration de Pilnitz vint éclater et mourir à Paris, au sein des fêtes données pour l’acceptation de la constitution.

Cependant Léopold, depuis les conférences de Pilnitz, était plus empressé que jamais de trouver des prétextes à la paix. Le prince de Kaunitz, son ministre, craignait toutes