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individualités du monde des nations n’ont que leur génie. La France, pour second génie, a son cœur ; elle le prodigue dans ses pensées, dans ses écrits comme dans ses actes nationaux. Quand la Providence veut qu’une idée embrase le monde, elle l’allume dans l’âme d’un Français.

Cette qualité communicative du caractère de cette race, cette attraction française, non encore altérée par l’ambition de la conquête, était alors le signe précurseur du siècle. Il semble qu’un instinct providentiel tournait toute l’attention de l’Europe vers cette seule partie de l’horizon, comme si le mouvement et la lumière n’avaient pu sortir que de là. Le seul point véritablement sonore du continent, (c’était Paris. Les plus petites choses y faisaient un grand bruit. La littérature était le véhicule de l’influence française ; la monarchie intellectuelle avait ses livres, son théâtre, ses écrits, avant d’avoir ses héros. Conquérante par l’intelligence, son imprimerie était son armée.


IX

Les partis qui divisaient le pays après la mort de Mirabeau se décomposaient ainsi : hors de l’Assemblée, la cour et les Jacobins ; dans l’Assemblée, le côté droit, le côté gauche, et entre ces deux partis extrêmes, l’un fanatique d’innovations, l’autre fanatique de résistance, un parti intermédiaire. Il se composait de ce que les deux autres avaient d’hommes de bien et de paix ; leur foi molle et in-