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et fortifie les citoyens. Si on délibère quand il faut jurer, si on peut attaquer encore notre constitution, après l’avoir attaquée deux fois, que nous reste-t-il à faire ? Reprendre ou nos armes ou nos fers… Nous avons été envoyés, ajouta-t-il en regardant le côté où siégeaient les Barnave et les Lameth, pour constituer la nation, et non pour élever la fortune de quelques individus, pour favoriser la coalition des intrigants avec la cour, et pour leur assurer le prix de leur complaisance ou de leur trahison. »


XIII

L’acte constitutionnel fut présenté au roi le 3 septembre 1791. Thouret rendit compte en ces termes à l’Assemblée nationale de cette solennelle entrevue entre la volonté vaincue d’un monarque et la volonté victorieuse de son peuple : « À neuf heures du soir, notre députation est sortie de cette salle. Elle s’est rendue au château avec une escorte d’honneur, composée de nombreux détachements de garde nationale et de gendarmerie. Elle a marché toujours au bruit des applaudissements du peuple. Elle a été reçue dans la salle du conseil, où le roi s’était rendu accompagné de ses ministres et d’un assez grand nombre de ses serviteurs. J’ai dit au roi : « Sire, les représentants de la nation viennent présenter à Votre Majesté l’acte constitutionnel qui consacre les droits imprescriptibles du peuple français, qui rend au trône sa vraie dignité, et qui régénère le gou-