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ments de la révolution ! Voyez tous ces principes de justice, de morale et de liberté que vous avez posés, accueillis avec des cris de joie et des serments redoublés, mais violés aussitôt avec une audace et des fureurs inouïes… C’est au moment où la plus sainte, où la plus libre des constitutions se proclame, que les attentats les plus horribles contre la liberté, contre la propriété, que dis-je ? contre l’humanité et la conscience, se multiplient et se perpétuent ! Comment ce contraste ne vous effraye-t-il pas ? Je vais vous le dire. Trompés vous-mêmes sur le mécanisme d’une société politique, vous en avez cherché la régénération sans penser à sa dissolution ; vous avez considéré comme un obstacle à vos vues le mécontentement des uns, et comme moyen l’exaltation des autres. En ne voulant que renverser des obstacles, vous avez renversé des principes et appris au peuple à tout braver. Vous avez pris les passions du peuple pour auxiliaires. C’est élever un édifice en en sapant les fondements. Je vous le répète donc, il n’y a de constitution libre et durable, hors le despotisme, que celle qui termine une révolution, et qu’on propose, qu’on accepte, qu’on exécute par des formes calmes, libres, et totalement dissemblables des formes de la révolution. Tout ce que l’on fait, tout ce que l’on veut avec passion, avant d’être arrivé à ce point de repos, soit que l’on commande au peuple ou qu’on lui obéisse, soit qu’on veuille le flatter, le tromper, ou le servir, n’est que l’œuvre du délire… Je demande donc que la constitution soit librement et paisiblement acceptée par la majorité de la nation et par le roi. (Violents murmures.) Je sais qu’on appelle vœu national tout ce que nous connaissons de projets d’adresse, d’adhésion, de serments, d’agitations, de menaces et de violences… (Explosion de