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et quelle ingratitude ! Vous déclarez le titre de citoyen français le plus beau des titres, et vous proposez de l’échanger contre le titre de prince, que vous avez supprimé comme contraire à l’égalité ! Les parents du roi qui sont restés en France n’ont-ils pas constamment montré le patriotisme le plus pur ? Quels services n’ont-ils pas rendus à la cause publique par leur exemple et par leurs sacrifices ! N’ont-ils pas d’eux-mêmes abjuré leurs titres pour un seul, pour celui de citoyen ? Et vous proposez de les en dépouiller ! Quand vous avez supprimé le titre de prince, qu’est-il arrivé ? Les princes fugitifs ont fait une ligue contre la patrie ; les autres se sont rangés avec nous. Si on rétablit aujourd’hui le titre de prince, on accorde aux ennemis de la patrie tout ce qu’ils ambitionnèrent, on enlève aux parents du roi patriote tout ce qu’ils estiment !… Je vois le triomphe et la récompense du côté des princes conspirateurs, je vois la punition de tous les sacrifices du côté des princes populaires. On prétend qu’il est dangereux d’admettre dans le corps législatif des membres de la famille royale. On établit donc, dans cette hypothèse, qu’à l’avenir tous les individus de la famille royale seront à perpétuité des courtisans vendus ou des factieux ! Cependant, n’est-il pas possible de supposer qu’il s’en trouve aussi de patriotes ? Est-ce ceux-là que vous voulez flétrir ? Vous condamnez les parents du roi à haïr la constitution et à conspirer contre une forme de gouvernement qui ne leur laisse le choix qu’entre le rôle de courtisans ou le rôle de conspirateurs !… Voyez, au contraire, ce qu’il est possible d’en attendre, si l’amour de la patrie les enflamme. Jetez vos regards sur un des rejetons de cette race que l’on vous propose d’exiler ; à peine sorti de l’enfance, il a déjà eu le bonheur de sauver la vie à trois ci-