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ment), vous doive la réalité, la prospérité, le bonheur, la paix, attachons-nous à la simplifier, en donnant au gouvernement, je veux dire à tous les pouvoirs établis par cette constitution, le degré de force, d’action, d’ensemble, qui lui est nécessaire pour mouvoir la machine sociale et pour conserver à la nation la liberté que vous lui avez donnée… Si le salut de la patrie vous est cher, prenez garde à ce que vous allez faire. Bannissons surtout d’injustes défiances qui ne peuvent être utiles qu’à nos ennemis, quand ils pourront croire que cette Assemblée nationale, que cette constante majorité, à la fois hardie et sage, qui leur a tant imposé depuis le départ du roi, est prête à s’évanouir devant les divisions artistement fomentées par des soupçons perfides… (On applaudit encore.) Vous verriez renaître, n’en doutez pas, les désordres, les déchirements dont vous êtes lassés, et dont le terme de la révolution doit être aussi le terme ; vous verriez renaître à l’extérieur des espérances, des projets, des tentatives que nous bravons hautement, parce que nous sentons nos forces et que nous sommes unis, parce que nous savons que tant que nous sommes unis on ne les entreprendra pas, et que, si l’extravagance osait le tenter, ce sera toujours à sa honte. Mais les tentatives qui s’effectueraient et sur le succès desquelles on pourrait compter avec quelque vraisemblance, une fois que, divisés entre nous, ne sachant à qui nous devons croire, nous nous supposons des projets divers quand nous n’avons que les mêmes projets, des sentiments contraires quand chacun de nous a dans son cœur le témoignage de la pureté de son collègue, quand deux ans de travaux entrepris ensemble, quand des preuves consécutives de courage, quand des sacrifices que rien ne peut payer, si ce n’est la satisfaction de soi-même… » Ici