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se montre hostile à la constitution. Je la divise en deux espèces très-distinctes. L’une est celle des hommes qui, dans l’opinion intime de leur conscience, donnent la préférence à un autre gouvernement, qu’ils déguisent plus ou moins dans leur langage, et cherchent à enlever à notre constitution monarchique toutes les forces qui pourraient retarder l’avénement de la république. Je déclare que, ceux-là, je ne les attaque point. Quiconque a une opinion politique pure a le droit de l’énoncer. Mais nous avons une autre classe d’ennemis. Ce sont les ennemis de tout gouvernement. Celle-là, si elle se montre opposante, ce n’est pas parce qu’elle préfère la république à la monarchie, la démocratie à l’aristocratie, c’est parce que tout ce qui fixe la machine politique, tout ce qui est l’ordre, tout ce qui met à sa place l’homme probe et l’homme improbe, l’homme honnête et le calomniateur, lui est contraire et odieux. (Des applaudissements prolongés éclatent dans la majorité de la gauche.) Voilà, messieurs, poursuit Barnave, voilà quels sont ceux qui ont combattu le plus notre travail. Ils ont cherché de nouvelles ressources de révolution, parce que la révolution fixée par nous leur échappait. Ce sont ces hommes qui, en changeant le nom des choses, en mettant des sentiments en apparence patriotiques à la place des sentiments de l’honneur, de la probité, de la pureté, en s’asseyant même aux places les plus augustes avec un masque de vertu, ont cru qu’ils en imposeraient à l’opinion publique et se sont coalisés avec quelques écrivains… (Les applaudissements redoublent, et tous les yeux se fixent sur Robespierre et Brissot.) Si nous voulons que notre constitution s’exécute, si vous voulez que la nation, après vous avoir dû l’espérance de la liberté, car ce n’est encore que l’espérance (murmures de mécontente-