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qui était organique de ce qui ne l’était pas, on allait avoir l’occasion de revenir sur tous les articles de la constitution. On pouvait profiter, pour les amender dans un sens plus monarchique, de cette réaction produite par la victoire de La Fayette. Ce que la passion et la colère avaient enlevé de trop aux prérogatives de la couronne, la raison et la réflexion pouvaient le leur rendre. Les mêmes hommes qui avaient mis le pouvoir exécutif entre les mains de l’Assemblée espéraient le lui arracher. Ils croyaient tout possible à leur éloquence et à leur popularité. Comme tous ceux qui descendent le cours d’une révolution, ils croyaient pouvoir le remonter aussi aisément. Ils ne s’apercevaient pas que leurs forces, dont ils étaient si fiers, n’étaient pas en eux-mêmes, mais dans le courant qui les emportait. Les événements allaient leur apprendre qu’il n’y a point de force contre les passions, une fois qu’on leur a cédé. La force d’un homme d’État, c’est son caractère. Une seule complaisance envers les factions est un indispensable engagement avec elles. Quand on a consenti à être leur instrument, on peut devenir leur idole et leur victime, jamais leur maître. Barnave allait l’apprendre trop tard, et les Girondins devaient l’apprendre après lui.

Malouet fit part aux principaux membres du parti royaliste du plan combiné avec Barnave. Voici en quoi ce plan consistait : Malouet serait monté à la tribune, et, dans un discours véhément et raisonné, il aurait attaqué tous les vices de la constitution, il aurait démontré que, si ces vices n’étaient pas corrigés par l’Assemblée avant de présenter la constitution au serment du roi et du peuple, c’était l’anarchie qu’on allait jurer. Les trois cents membres du côté droit devaient appuyer de leurs applaudissements les