Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grandeur de son œuvre. Pétion, dans une lettre à ses commettants, qui produisit un effet immense, rendit compte de ces tentatives avortées de division parmi les patriotes, et dénonça les dissidents. « Je tremble pour mon pays, leur disait-il. Les modérés méditent de réformer déjà la constitution, et de rendre au roi le pouvoir à peine reconquis par le peuple. L’âme bouleversée par ces pensées sinistres, je me décourage : je suis prêt à quitter le poste où votre confiance m’a placé ! Ô ma patrie ! sois sauvée, et je rendrai en paix mon dernier soupir ! »

Ainsi parlait Pétion, qui commençait dès lors à devenir l’idole du peuple. Il n’avait ni l’audace ni le talent de Robespierre, mais il avait de plus que lui l’hypocrisie, ce voile honteux des situations doubles. Le peuple le croyait honnête, et sa parole avait sur les masses l’autorité de sa renommée.


XVIII

La coalition qu’il dénonçait au peuple était vraie. Barnave s’entendait avec la cour. Malouet, membre éloquent et habile du côté droit, s’entendait avec Barnave. Un plan de modification à la constitution avait été concerté entre ces deux hommes, ennemis hier, alliés aujourd’hui. Le moment était venu de relier en un seul corps toutes ces lois éparses, votées pendant une révolution de trente mois. En séparant, dans cette revue des actes de l’Assemblée, ce