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reprennent. Dans les guerres d’opinion, on fait des reconnaissances comme dans les campagnes des armées. Les Jacobins étaient les avant-postes de la Révolution ; ils sondaient les résistances de l’esprit monarchique.

Le club des Cordeliers envoya aux Jacobins un projet d’adresse à l’Assemblée nationale, où l’on demandait hautement la destruction de la royauté. « Nous voilà libres et sans roi, disaient les Cordeliers, comme au lendemain de la prise de la Bastille ; reste à savoir s’il est avantageux d’en nommer un autre. Nous pensons que la nation doit tout faire par elle-même ou par des agents amovibles de son choix ; nous pensons que plus un emploi est important, plus sa durée doit être temporaire. Nous pensons que la royauté, et surtout la royauté héréditaire, est incompatible avec la liberté. Nous prévoyons qu’une telle proposition va soulever une nuée de contradicteurs ; mais la déclaration des droits n’en a-t-elle pas soulevé autant ? Le roi a abdiqué de fait en désertant son poste. Profitons de notre droit et de l’occasion. Jurons que la France est une république. »

Cette adresse, lue au club des Jacobins le 22, y excita d’abord une indignation générale. Le 23, Danton monta à la tribune et demanda la déchéance et la nomination d’un conseil de régence. « Votre roi, dit-il, est ou imbécile ou criminel. Ce serait un horrible spectacle à présenter au monde, si, ayant l’option de déclarer un roi criminel ou de le déclarer imbécile, vous ne préfériez pas ce dernier parti. » Le 27, Girey-Dupré, jeune écrivain qui attendait la Gironde, provoqua le jugement de Louis XVI. « Nous pouvons punir un roi parjure. Nous le devons. » Tel fut le texte de son discours. Brissot posa la question comme