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vaincus, ils avaient fini par croire qu’il n’y avait de vertu pour relever la monarchie que dans ceux qui l’avaient renversée. C’était la superstition de la fatalité. Ils étaient tentés d’adorer cette puissance de la Révolution qu’ils n’avaient pu fléchir.


V

Les premiers actes du roi se ressentirent trop, pour sa dignité, de ces inspirations des Lameth et de Barnave. Il remit aux commissaires de l’Assemblée, chargés de l’interroger sur l’événement du 21 juin, une réponse dont la mauvaise foi appelait le sourire plus que l’indulgence de ses ennemis :

« Introduits dans la chambre du roi et seuls avec lui, dirent les commissaires de l’Assemblée, le roi nous a fait la déclaration suivante : « Les motifs de mon départ sont les insultes et les outrages qui m’ont été faits, le 18 avril, quand j’ai voulu me rendre à Saint-Cloud. Ces insultes étant restées impunies, j’ai cru qu’il n’y avait ni sûreté ni décence pour moi de rester à Paris. Ne le pouvant pas faire publiquement, j’ai résolu de partir la nuit et sans suite. Jamais mon intention n’a été de sortir du royaume. Je n’ai eu aucun concert ni avec les puissances étrangères ni avec les princes de ma famille émigrés. Mes logements étaient préparés à Montmédy. J’avais choisi cette place, parce qu’elle est fortifiée, et qu’étant près de la frontière j’y étais plus à portée de m’opposer à toute espèce d’inva-