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II

Une seule chose déshonore ce majestueux interrègne de la nation : c’est la captivité momentanée du roi et de sa famille. Mais il faut reconnaître que la nation avait bien le droit de dire à son chef : « Si tu veux régner sur nous, tu ne sortiras pas du royaume, tu n’iras pas emporter la royauté de la France parmi nos ennemis. » Et quant aux formes de cette captivité dans les Tuileries, il faut reconnaître encore que l’Assemblée nationale ne les avait point prescrites, qu’elle s’était même soulevée d’indignation au mot d’emprisonnement, qu’elle avait commandé une résidence politique et rien de plus, et que la rudesse et l’odieux des mesures de surveillance tenaient à l’ombrageuse responsabilité de la garde nationale bien plus qu’à l’irrévérence de l’Assemblée. La Fayette gardait, dans la personne du roi, la dynastie, sa propre tête et la constitution. Otage contre la république et contre la royauté à la fois. Maire du palais, il intimidait par la présence d’un roi faible et humilié les royalistes découragés et les républicains contenus. Louis XVI était son gage.

Barnave et les Lameth avaient, dans l’Assemblée nationale, l’attitude de La Fayette au dehors. Ils avaient besoin du roi pour se défendre de leurs ennemis. Tant qu’il y avait eu un homme entre le trône et eux (Mirabeau), ils avaient joué à la république et sapé ce trône pour en écraser un