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vait d’autre objet que d’assurer l’exécution de la loi qui ordonnait l’arrestation des complices de la cour. On décréta que des informations seraient faites par le tribunal de l’arrondissement des Tuileries sur la fuite du roi, et que trois commissaires désignés par l’Assemblée recevraient les déclarations du roi et de la reine. « Qu’est-ce que cette exception obséquieuse ? s’écria Robespierre. Vous craignez de dégrader la royauté en livrant le roi et la reine aux tribunaux ordinaires ? Un citoyen, une citoyenne, un homme quelconque, à quelque dignité qu’il soit élevé, ne peut jamais être dégradé par la loi. » Buzot appuya cette opinion. Duport la combattit. Le respect l’emporta sur l’outrage. Les commissaires nommés furent Tronchet, d’André et Duport.


XXIX

Rentré dans ses appartements, Louis XVI mesura, d’un regard, la profondeur de sa déchéance. La Fayette se présenta avec les formes de l’attendrissement et du respect, mais avec la réalité du commandement. « Votre Majesté, dit-il au roi, connaît mon attachement pour elle ; mais je ne lui ai pas laissé ignorer que, si elle séparait sa cause de celle du peuple, je resterais du côté du peuple. — C’est vrai, répondit le roi. Vous suivez vos principes. C’est une affaire de parti… Je vous dirai franchement que, jusqu’à ces derniers temps, j’avais cru être enveloppé par vous