Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXII

Le soir, l’Assemblée nationale discuta et adopta un projet d’adresse aux Français, ainsi conçu : « Un grand crime vient d’être commis, le roi et sa famille ont été enlevés. » (À cette fiction prolongée du prétendu enlèvement du roi, les murmures éclatent ; la sagesse de l’Assemblée les étouffe.) « Mais vos représentants triompheront de tous les obstacles. La France veut être libre, elle le sera : la Révolution ne rétrogradera pas. Nous avons d’abord sauvé la loi en décrétant que nos décrets seraient la loi elle-même. Nous sauvons la nation en envoyant à l’armée un renfort de trois cent mille hommes. Nous sauvons l’ordre en le mettant sous la garantie du zèle et du patriotisme des citoyens armés. Dans cette attitude, nous attendons nos ennemis… Dans un écrit dicté au roi par ceux qui ont fait violence à son amour, on vous accuse, on accuse la constitution, on accuse la loi de l’impunité du 6 octobre ! La nation est plus juste : elle n’accuse pas le roi du crime de ses aïeux. (On applaudit.) Mais ce roi a prêté serment, le 14 juillet, à cette constitution, il aurait donc consenti à un parjure ? On rejette sur de soi-disant factieux les changements faits à la constitution du royaume. Quelques factieux ? ce n’est pas assez : nous sommes vingt-six millions de factieux ! (On applaudit encore.) Nous avons reconstitué tous les pouvoirs ; nous avons conservé la monarchie, parce que nous la