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manteau d’hypocrisie pour couvrir ses complots ! Ne voyez-vous pas la coalition de tous ces hommes avec le roi et du roi avec la ligue européenne ? Elle va nous étouffer ! Dans un instant vous allez voir entrer dans cette salle tous ces hommes de 1789, maire, général, ministres, orateurs ! Comment pourriez-vous échapper ? Antoine, poursuivit-il en faisant allusion à La Fayette, Antoine commande des légions qui vont venger César, et Octave, le neveu de César, commande les légions de la république. Comment la république ne périrait-elle pas ? On nous parle de la nécessité de nous réunir ! Mais quand Antoine fut venu camper à côté de Lépide, et que tous les traîtres à la liberté furent réunis à ceux qui se disaient ses défenseurs, il ne resta plus à Brutus et à Cassius qu’à se donner la mort ! C’est là que nous mène cette feinte unanimité, cette réconciliation perfide des patriotes ! Oui, voilà ce qu’on vous prépare ! Je sais qu’en osant dévoiler ces complots j’aiguise contre moi mille poignards ! je sais le sort qu’on me garde ! Mais si, lorsque j’étais à peine aperçu dans l’Assemblée nationale, parmi les premiers apôtres de la liberté, j’ai fait le sacrifice de ma vie à la vérité, à l’humanité, à la patrie, aujourd’hui qu’une bienveillance universelle, que tant de preuves de considération, d’attachement, m’ont tant payé de ce sacrifice, je recevrai comme un bienfait une mort qui m’empêchera d’être témoin de tant de maux. J’ai fait le procès de l’Assemblée, qu’elle fasse le mien ! »