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ardent pour tombeau, mais son dernier soupir sera pour la patrie, pour la liberté et pour vous. »


XX

Les hommes du parti constitutionnel crurent devoir se rendre, le 22, à la séance des Jacobins, pour en contenir l’exaltation. Barnave, Sieyès, La Fayette, y reparurent et y prêtèrent serment de fidélité à la nation. Camille Desmoulins raconte ainsi cette séance :

« Pendant que l’Assemblée nationale décrète, décrète et décrète encore, le peuple agit. Je vais aux Jacobins. Je rencontre La Fayette sur le quai Voltaire. La voix de Barnave a déjà ramené les esprits. On commence à crier : « Vive La Fayette ! » Il passe en revue les bataillons postés sur le quai. Convaincu du besoin de se réunir autour d’un chef, je cède au mouvement qui m’entraîne vers le cheval blanc. « Monsieur de La Fayette, lui dis-je au milieu de la foule, j’ai dit bien du mal de vous depuis un an, voici le moment de me convaincre de mensonge. Prouvez que je suis un calomniateur, rendez-moi exécrable, couvrez-moi d’infamie, et sauvez la chose publique. » Je parlais avec une chaleur extrême. Il me serre la main. « Je vous ai toujours reconnu pour un bon citoyen, me dit-il ; vous verrez qu’on vous a trompé. Notre serment à tous est de vivre libres ou de mourir. Tout va bien ; il n’y a plus qu’un seul esprit dans l’Assemblée nationale, où le danger commun