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d’octobre, quand on a proposé à l’Assemblée d’aller couvrir le roi de sa présence, elle a déclaré qu’il n’était pas de sa dignité de s’y transporter. On a arrêté les tantes du roi quand, pour cause de religion, elles ont voulu se transporter à Rome. On a violenté jusqu’à ma conscience. On a commandé jusqu’à ma foi religieuse quand j’ai voulu aller à Saint-Cloud, après ma maladie, pour achever ma convalescence ; on a craint que je n’allasse dans cette résidence pour pratiquer mes actes religieux avec des prêtres non assermentés. On a dételé mes chevaux, on m’a forcé de rentrer aux Tuileries. M. de La Fayette lui-même n’a pu assurer ni l’obéissance à la loi ni le respect dû à la liberté du roi. On m’a forcé d’éloigner jusqu’aux prêtres de ma chapelle et au confident de ma conscience. Dans une telle situation, il ne me reste qu’à en appeler à la justice et à l’amour de mon peuple, à me réfugier, hors de l’atteinte des factieux et de l’oppression de l’Assemblée et des clubs, dans une ville de mon royaume, et d’aviser de là, en pleine liberté, aux modifications que la constitution demande, à la restauration de notre sainte religion, à l’affermissement du pouvoir royal et à la consolidation d’une vraie liberté. »

L’Assemblée, qui avait plusieurs fois interrompu la lecture de ce manifeste par des éclats de rire et par des soulèvements d’indignation, passa avec dédain à l’ordre du jour, et reçut le serment des généraux employés à Paris. De nombreuses députations de Paris et des départements voisins vinrent successivement à la barre lui donner l’assurance que l’Assemblée nationale serait considérée comme le centre de ralliement de tous les bons citoyens.

Le soir, les clubs des Cordeliers et des Jacobins firent afficher des motions de déchéance du roi. Le club des Cor-