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Et, passant de ce côté, il y fit son entrée ;
Et quand le soir commença à s’obscurcir,
Il conduisit son coursier au bord de la mer,
Afin de le désaltérer aux fraîches eaux.
Mais le Scharatz ne veut point boire.
Il regarde attentivement autour de lui,
Et voici qu’une vierge turque descend le chemin,
Tout enveloppée d’un voile tissu d’or.

Et lorsque la vierge fut sur la rive,
Elle se pencha sur les vertes ondes,
Et commença à parler ainsi :
« Dieu soit avec vous, flots verdoyants !
Dieu soit avec vous, ma dernière demeure !
Je veux finir ma vie avec vous désormais.
Ô mer profonde, j’aime mieux me marier
À toi, hélas ! qu’au détestable More ! »

Alors le fils de roi, Marko, s’avançant :
« Arrête, ô noble vierge de Turquie !
Qui te porte à te précipiter dans le sein des flots ?
Pourquoi veux-tu te marier avec la mer ?
Dis, quel grand malheur est donc tombé sur toi ? »

Et la vierge turque lui répondit :
« Éloigne-toi de ces lieux, bon derviche.
Pourquoi demander, quand tu ne peux aider ? »