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Et, prenant la plume et le vélin,
Elle se piqua le visage avec la plume,
Et, recueillant le sang qui coulait de sa joue,
Elle écrivit avec ce sang au héros Marko :

« Ô toi, mon frère en Dieu, noble Marko ;
Frère, je te conjure au nom du Dieu vivant ;
Parrain, je t’adjure par le même Dieu,
Et par la tête sacrée de votre saint Jean,
Ne m’abandonne point au More farouche !
Vois ! je te donnerai sept charges d’or ;
J’y joindrai sept différents vêtements
Qui ne seront ni tissus ni filés,
Mais composés de pur or.
Je te donnerai aussi une coupe d’or,
Et autour de cette coupe s’entrelace un serpent
Qui, tenant sa tête élevée,
Montre, au lieu de ses dents, des pierres précieuses,
De façon qu’à minuit comme à midi,
À son éclat tu pourras prendre ton repas.
De plus, je te décorerai d’une épée
Dont la poignée est d’or ciselé,
Et enrichie de trois pierres précieuses.
Enfin, je te donnerai un acte signé et scellé
Comme quoi le vizir n’osera jamais te mettre à mort
Sans l’ordre de Sa Hautesse le sultan, mon père. »

Le message fut porté par le Tartare à Marko.
Mais quand Marko l’eut reçu,