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Car c’est un fort héros sur le champ de bataille.
Et s’il m’abat la tête des épaules,
De quoi me serviront trois charges d’or ?… »

Et le Tartare revint sur ses pas.
Il rapporta au sultan ces mots pour message.
Là-dessus, la sultane, entendant ceci,
Écrivit une autre lettre,
Et l’envoya à Marko, fils de roi :
« Mon fils en Dieu, ô royal rejeton, Marko,
N’abandonne point ma fille au More !
Vois, je te donnerai six charges d’or. »

Cette lettre parvint aussi à Marko.
Quand le héros vit ce qu’elle annonçait,
Il dit au messager, au Tartare :
« Retourne, Tartare, ô toi, messager du sultan,
Va ; et dis à ma noble mère la sultane :
« Marko ne peut aller défier le More,
» Car c’est un rude jouteur sur le champ de bataille ;
» Il abattra mon chef de mes épaules,
» Et ma blonde tête m’est bien plus chère
» Que tout l’or de la cour du sultan. »

Et le Tartare revient vers Stamboul,
Et rapporte à la sultane ces mots pour message.
Quand la fille du sultan eut entendu ceci,
Elle s’élança, la vierge, d’un pied léger,