Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et ne me suis jamais marié de ma vie !
Par le Dieu vivant ! il faut que, non ma mère,
Mais une cavale, m’ait enfanté,
Si je ne demande point la fille du sultan en mariage !
Oui, il faut que le sultan me donne sa fille,
Ou qu’il vienne à moi sur le champ de bataille ! »

Quand le More eut parlé ainsi,
Il écrivit une lettre en fins caractères
Au sultan de la blanche Stamboul.
« Sultan, écrivait-il, seigneur de la blanche Stamboul,
J’ai bâti une tour près de la mer,
Mais elle est déserte et inhabitée ;
Car je ne me suis jamais marié.
Donne-moi ta fille pour épouse !
Mais si tu ne veux point me l’accorder,
Sors de ton palais, et viens te battre ! »

La lettre parvint à l’illustre sultan ;
Et quand il vit ce qui lui était demandé,
Il commença à chercher un champion
Pour combattre le More à outrance.
On promit à cet homme un prix considérable,
S’il pouvait tuer le méchant More.
Il se trouva de braves guerriers en nombre,
Mais aucun ne revint vers Stamboul.
Le sultan tomba bientôt en grand souci.
Il n’avait plus de champion à opposer :
Le sombre More les avait tous tués.