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Milosch chantait, la Wila répondait ;
Mais plus beau était le chant de Milosch,
Plus belle était sa voix que celle de la Wila.
Alors, courroucée, la Wila Rawjolila
S’élança dans la forêt de Mirotsch,
Tendit son arc, prit deux blanches flèches,
Dirigea l’une dans la gorge de Milosch,
Et l’autre vers le cœur du héros.
Alors Milosch s’écria : « Malheur à moi, ma mère !
Malheur à moi, ô mon frère d’adoption !…
Malheur, Marko ! la Wila m’a blessé !…
Ne te l’avais-je pas dit d’avance,
Que je ne devais point chanter dans la forêt ? »

Aussitôt Marko s’arracha au sommeil ;
Il sauta à bas de son cheval tacheté,
Resserra les sangles du brave Scharatz,
Et caressant et flattant le coursier :
« Scharatz, dit-il, mon aile rapide,
Si tu m’attrapes la Wila Rawjolila,
Je te ferrerai de pur argent,
De pur argent et d’or bruni ;
Je te couvrirai de soie jusqu’aux genoux,
Et de franges depuis les genoux jusqu’aux pieds ;
J’entremêlerai ta crinière de fils d’or,
Et je l’ornerai de perles fines.
Mais si tu n’atteins pas la Wila,
Je t’arracherai les deux yeux du front,
Je briserai tes quatre pieds,
Et je t’abandonnerai seul ici,