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Et l’autre dans sa ceinture,
Et furtivement lui déroba les clefs de la prison,
Des écuries, et de la chambre aux trésors et aux armes ;
Ensuite elle retomba sur sa couche moelleuse.
Alors Mustaj-Beg lui dit :
« Chère Hajkuna, ô sœur bien-aimée !
Dieu le veuille ! ton mal s’apaise-t-il ? »
« Oui, mon frère ! grâce à Dieu, je suis mieux. »
Alors Mustaj-Beg la quitta,
Il monta sur la verte terrasse,
Pour convenir avec ses compagnons d’Udbinja
De la manière dont ils feraient mourir le prisonnier.

Cependant la jeune fille se relève lestement ;
Elle ouvre la chambre des trésors et des armes ;
Elle en tire celles de Stojan,
Et remplit de ducats un sac à avoine ;
Ensuite elle descend dans la prison,
Conduit en hâte Stojan hors du cachot,
Et l’amène devant les blanches écuries.
Là, ils en tirent deux coursiers ;
Ils prennent la blanche haquenée du beg,
Qui lui sert de destrier un jour de bataille,
Et le coursier noir de l’épouse de Mustaj,
Qu’aucun dans la contrée n’égale en rapidité.

La belle fille monte la blanche haquenée ;
Sur le coursier noir monte Stojan.
Tous deux rapidement s’élancent dans la campagne.