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A deux tours pleines d’or et d’argent ;
L’une est sienne, mais mienne est l’autre ;
Et si la mort doit suivre son cours,
Nous les posséderons un jour toutes deux. »

Il répondit ainsi, Stojan Jankowitsch :
« Jeune Hajkuna, ne parle point si follement.
À Dieu ne plaise que je devienne Turc,
Dussé-je obtenir Lika et Udbinja !
J’ai des biens assez dans Kotari ;
Par le Tout-Puissant ! plus de biens que les Turcs !
Et je suis aussi un plus vaillant héros qu’eux !
S’il plaît à Dieu, belle fille,
Demain, avant que la moitié du jour soit écoulée,
Les cavaliers de Kotari accourront ;
Ils assiégeront Udbinja,
Et ils me délivreront de ma prison. »

Et la fille turque lui répondit :
« Stojan Jankowitsch, ne parle pas si follement.
Avant qu’ils soient ici, les guerriers de Kotari,
Les Turcs t’auront déjà fait mourir !…
Mais es-tu, ô chrétien, fidèle de parole ?
Si tu me veux prendre pour ton épouse,
Moi-même je te délivrerai de ta prison. »

Là-dessus Stojan Jankowitsch repartit :
« Reçois ma fidèle promesse, ô belle fille,