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quoi je désire y vieillir et y mourir. Cela ne veut pas dire, comme quelques journaux l’avancent, que je quitte des à présent mon pays, et que je secoue avec colère et avec ingratitude la poussière de mes pieds d’un pays qui m’a méconnu : cela veut dire simplement que je vais coloniser un coin de champ au soleil d’Asie, me construire un foyer dans une terre étrangère où l’on vit de peu, et où le travail agricole est récompensé au centuple ; que je resterai dans mon pays natal tant qu’il aura besoin d’un citoyen dévoué de plus ; que j’y reviendrai à son moindre appel, tant que je pourrai le servir au titre le plus humble : mais qu’après ma journée finie, j’irai chercher ma vie et mon repos dans l’asile que l’hospitalité orientale n’a jamais refusé aux solitaires ou aux expatriés.

J’y retrouverai fraîches et vivaces encore les amitiés que j’ai contractées avec les hommes simples et héroïques de ces races du Liban. J’en ai pour garant les lettres qu’ils n’ont cessé de m’écrire pendant leurs malheurs, et depuis que le jeune Abdul Mejid a poursuivi l’œuvre des réformes administratives qui rendront aux Maronites la sécurité et la liberté de leur race. C’est à l’époque de ces troubles du Liban, fomentés par l’ambition du pacha d’Égypte et par la fausse politique de la France en 1840, que les chefs du Liban m’envoyèrent à Paris, par une députation, un sabre d’honneur que je leur reporterai, si j’ai la joie de les revoir. — Voici la lettre que je leur répondis :


« Chers et vénérables scheiks des Maronites,

» J’ai reçu le sabre que vous m’adressez. Je le conser-