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par son entremise, nous recourions aux sources de la compassion de ce gouvernement dont la renommée remplit le monde entier ; il faut que le susdit archevêque, votre serviteur, profite de l’occasion la plus favorable qu’il pourra trouver pour vous exposer toutes nos affaires et nos justes plaintes, et pour vous faire connaître principalement la perte de notre repos par le fait même du gouverneur auquel a été donnée la mission de nous conduire et de nous administrer. Si les sources de la faveur royale ne se déversent pas sur la noble famille Cheab, et en particulier sur l’émir Béchir ou sur son fils l’émir Émin, pour permettre son retour et lui confier le soin de nous gouverner, il nous sera impossible de parvenir à recouvrer notre repos avec tout autre gouverneur ; c’est là une chose que l’expérience a démontrée. Enfin, le susdit archevêque fera connaître ces faits et tout le reste ; car votre gouvernement est bien informé qu’il est le représentant du peuple du Liban, et qu’il est instruit de toutes nos affaires. Comme il est distingué par sa droiture et ses vertus, tout ce qu’il affirmera sera la vérité même ; et puisque votre générosité embrasse le monde, puisque votre miséricorde s’étend jusqu’à tous les horizons, nous avons doublement droit d’y participer en quelque chose.

» Ainsi, nous prosternons notre front sur le seuil de votre Porte, pour que vous preniez en pitié notre position et notre misère ; pour que vous portiez sur nous un œil de compassion ; pour que vous entendiez la voix de notre fondé de pouvoirs, notre seigneur l’archevêque, en accueillant avec bonté ce qu’il vous exposera à notre sujet ; pour que vous étendiez sur nous tous les regards de votre bienfaisance si célèbre ; pour que vous guérissiez nos cœurs brisés en nous délivrant des mains des Druzes, nos ennemis et nos