Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/414

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ordres ont été rendus par le gouverneur général de l’Eïalet de Seïde pour que les chrétiens qui habitent dans les mêmes lieux que les Druzes, ou dans leur voisinage, soient mis sous la domination de ces Druzes impitoyables, qui regardent comme une chose licite de nous ravir la vie et l’honneur, et de s’emparer de nos fortunes. C’est ainsi qu’ils ont pillé nos couvents et nos églises, auxquels ils ont ensuite mis le feu, qu’ils ont fait ruisseler le sang des prêtres et des moines, et qu’après avoir profané les autels, souillé d’ordures les images des saints et jusqu’au saint sacrement, ils les ont lacérés et foulés aux pieds ; c’est ainsi qu’ils ont brisé les croix et les cloches, et pour insulter aux habits sacerdotaux et les tourner en dérision, qu’ils en ont revêtu des femmes ! Qui pourrait souffrir ces outrages, dont la violence dépasse tout ce qu’il est donné aux forces de la nature humaine de supporter ? et qui n’aimerait pas mieux perdre la vie, que de soumettre son existence à ces barbares ennemis ? Ah ! si nos gémissements pénètrent jusqu’au plus haut des cieux, comment ne parviendraient-ils pas à émouvoir pour nous la compassion de votre gouvernement sublime, et à le porter à s’employer pour nous donner le repos, nous qui sommes ses serviteurs et ses sujets ?

» Pour ne pas désespérer de notre vie de malheur, pour ne pas assiéger continuellement de nos supplications la Porte derrière laquelle se trouvent notre salut et le salut de tous les peuples, la Porte de votre gouvernement généreux, il faut que, le cœur navré et brisé, et les yeux en larmes, nous présentions cette pétition au seuil de votre humanité, par la main du serviteur de votre puissance, le très-pieux et illustre archevêque Nicolas Murad, notre vicaire patriarcal, très-honoré et très-vénéré, à qui sont délégués les pleins pouvoirs de tout le peuple du mont Liban ; il faut que,