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pagner de son frère Chaiboud, et se rendit à l’endroit désigné pour la course, afin de veiller à la sûreté des fils du roi Zohéir. En arrivant, il apparut à toute cette multitude comme un lion couvert d’une armure. Il tenait son épée nue à la main, et ses yeux lançaient des flammes comme des charbons ardents. Dès qu’il eut pénétré au milieu de la foule : « Holà ! nobles chefs arabes et hommes fameux rassemblés ici, cria-t-il d’une voix terrible, vous savez tous que je suis celui qui a été soutenu, favorisé par le roi Zohéir, père du roi Cais ; que je suis l’esclave de sa bonté et de sa munificence ; que c’est lui qui m’a fait reconnaître par mes parents, qui m’a donné un rang, et qui enfin m’a fait compter au nombre des chefs arabes. Bien qu’il ne vive plus, je veux lui témoigner ma reconnaissance, et faire que les rois de la terre, même après sa mort, lui soient soumis. Il a laissé un fils que ses autres frères ont reconnu et qu’ils ont placé sur le siége de son père, Cais, qu’ils ont distingué à cause de sa raison, de sa droiture et de ses sentiments élevés. Je suis l’esclave de Cais, je lui appartiens. Je serai l’appui de celui qui l’aime, l’ennemi de celui qui lui résiste. Il ne sera jamais dit, tant que je vivrai, que j’aie pu supporter qu’un ennemi lui fît un affront. Quant au contrat et à la gageure, il est de notre devoir d’en aider l’exécution. Ainsi, il n’y a rien de mieux à faire que de laisser courir librement les chevaux, car la victoire vient du Créateur du jour et de la nuit. Je jure donc, par la maison sacrée, par le temple, par le Dieu éternel, qui n’oublie jamais ses serviteurs et qui ne dort jamais, que si Hadifah commet quelque acte de violence, je le ferai boire dans la coupe de la vengeance et de la mort, et que je rendrai toute la tribu de Fazarah la fable du monde entier. Et