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quelqu’un de la famille de Beder, qu’il ne nous tue, et que nous ne soyons déshonorés. Renoncez à la course, ou nous sommes perdus. Laissez-moi aller vers le roi Cais, et je ne le quitterai pas que je ne l’aie engagé à venir vers vous pour rompre le contrat. — Faites comme il vous plaira, » répondit Hadifah. D’après cela, Haml monta à cheval, et alla à l’instant même chez le roi Cais. Il le trouva avec son oncle Asyed, homme sage et prudent. Haml s’avança vers Cais, lui donna le salut en lui baisant la main ; et après lui avoir fait entendre qu’il lui portait un grand intérêt : « Ô mon parent, dit-il, sachez que mon frère Hadifah est un pauvre sujet dont l’esprit est plein d’intrigues. J’ai passé ces trois derniers jours à lui faire mille représentations pour l’engager à abandonner la gageure. Oui, c’est bien, m’a-t-il dit enfin : si Cais revient vers moi, s’il désire d’être débarrassé du contrat, je l’annulerai ; mais qu’aucun Arabe ne sache que j’ai abandonné le pari par crainte d’Antar. Maintenant, Cais, vous savez qu’entre parents la plus grande preuve d’attachement que l’on puisse se donner est de céder. Aussi me suis-je rendu ici pour vous prier de venir avec moi chez mon frère Hadifah, afin de lui demander de renoncer à la course avant qu’il s’élève aucun trouble et que la tribu soit exterminée de ses terres. » À ce discours de Haml, Cais devint rouge de honte, car il était confiant et généreux. Il se leva aussitôt, et, laissant à son oncle Asyed le soin de ses affaires domestiques, il accompagna Haml au pays de Fazarah. Lorsqu’ils furent à moitié chemin, Haml se mit devant Cais, auquel il prodigua des louanges, tout en blâmant la conduite de son frère, par ces mots :

« Ô Cais, ne vous laissez pas aller à la colère contre