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les pieds même, quand la nuit répand son obscurité, se font apercevoir comme des tisons ardents. »

« Ayas, répliqua Hadifah, penserais-tu que je ne tiendrai pas ma parole ? Je recevrai les chameaux de Cais, et je ne souffrirai pas que mon nom soit mis au nombre de ceux qui ont été vaincus. Laisse aller les choses selon leur cours. »

Aussitôt que le roi Cais eut rejoint ses tentes, il s’empressa d’ordonner à ses esclaves de dresser les chevaux, mais de donner particulièrement leurs soins à Dahis ; puis il raconta à ses parents tout ce qui avait eu lieu entre lui et Hadifah. Antar (le héros du roman) était présent à ce récit ; et comme il prenait un intérêt très-vif à tout ce qui touchait ce roi : « Cais, lui dit-il, calmez votre cœur, tenez vos yeux bien ouverts, faites la course, et n’ayez aucune crainte. Car, par la foi d’un Arabe, si Hadifah fait naître quelque trouble et quelque mésintelligence, je le tuerai, ainsi que toute la tribu de Fazarah. » La conversation dura sur ce sujet jusqu’à ce que l’on arriva près des tentes, dans lesquelles Antar ne voulut pas entrer avant d’avoir vu Dahis. Il tourna plusieurs fois autour de cet animal, et reconnut qu’en effet il rassemblait en lui des qualités faites pour étonner tous ceux qui le voyaient…

Hadifah ne tarda pas à apprendre le retour d’Antar, et sut que ce héros encourageait le roi Cais à faire la course. Haml, le frère d’Hadifah, était aussi au courant de ces nouvelles ; et dans le trouble qu’elles lui causaient : « Je crains, dit-il à Hadifah, qu’Antar ne tombe sur moi ou sur