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de chamelles qu’il lui plaira. — Vous me jouerez un mauvais tour, dit Carwash, et moi je ne veux pas vous tromper. Je ne gagerai pas avec vous plus de vingt chameaux : ce sera le prix que donnera celui dont le cheval sera vaincu ; » et l’affaire fut ainsi réglée. Ils achevèrent la journée à table jusqu’à la nuit, pendant laquelle ils se reposèrent.

Le lendemain, Carwash sortit de ses tentes de bon matin, se rendit à la tribu d’Abs, alla trouver Cais, et lui fit part de tout ce qui avait eu lieu à l’occasion du pari. « Vous avez eu tort, dit Cais ; vous auriez pu faire ce pari avec qui que ce soit, excepté Hadifah, qui est l’homme aux prétextes et aux ruses ; et si vous avez arrêté cette gageure, il faut la rompre. » Cais attendit que quelques personnes qui étaient auprès de lui se fussent retirées ; puis il monta aussitôt après à cheval, et se rendit à la tribu de Fazarah, où il trouva tout le monde prenant le repas dans leurs tentes.

Cais descendit de cheval, se débarrassa de ses armes, s’assit auprès d’eux, et se mit à manger comme un généreux Arabe. « Cousin, lui dit Hadifah désirant le plaisanter, quelles grosses bouchées vous prenez ! Que le ciel nous préserve d’avoir un appétit semblable au vôtre ! — Il est vrai que je meurs de faim, dit Cais ; mais, par Celui qui a toujours duré et qui durera toujours, je ne suis pas venu ici seulement pour manger votre repas. Mon intention est d’annuler la gageure qui a été faite hier entre vous et mon parent Carwash. Je vous prie de rompre cet engagement, car tout ce qui se fait et se dit au milieu des flacons ne compte pas et doit être oublié. — Sachez, Cais, que je ne renon-