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jamais, parmi les Arabes, on n’en avait élevé de plus beau. Il était d’ailleurs généreux et illustre par sa naissance et par sa race ; car son père était Ocab et sa mère Helweh, deux animaux qui passaient chez les Arabes pour être aussi prompts que l’éclair. Toutes les tribus les admiraient pour leurs formes, et celle de Ryah était devenue célèbre parmi toutes les autres, à cause de la jument et de l’étalon qu’elle possédait.

Mais pour en revenir au beau poulain, un jour que son père Ocab était ramené aux demeures, conduit par la fille de Jabir (c’était le long d’un lac, et il était midi), il vit la jument Helweh qui se tenait près de la tente de son maître. Il se mit à hennir, et se débarrassa de sa longe. La jeune fille, tout interdite, laissa aller le cheval, et se hâta, par modestie, de chercher refuge dans l’une des tentes. L’étalon resta là jusqu’à ce que la demoiselle revînt. Elle reprit sa longe, et le ramena à l’écurie.

Mais le père s’aperçut du trouble que sa fille ne pouvait cacher. Il la questionna, et elle dit ce qui s’était passé. À ce récit, le père devint furieux de colère, car il était naturellement violent ; il courut aussitôt au milieu des tentes, et, levant son turban : « Tribu de Ryah ! tribu de Ryah ! » cria-t-il de toute sa force ; et aussitôt les Arabes coururent autour de lui. « Parents, leur dit-il après avoir raconté ce qui avait eu lieu, je ne laisserai pas le sang de mon cheval dans les flancs d’Helweh ; je ne suis nullement disposé à le vendre, même au prix des moutons et des chameaux les plus précieux ; et si l’on ne me permet pas d’enlever l’embryon du corps d’Helweh, je chargerai quelqu’un de tuer cette ju-