» Zabiba[1] me blâme de m’exposer la nuit ; elle craint que je ne succombe sous le nombre.
» Elle voudrait m’effrayer de la mort, comme s’il ne fallait pas la subir un jour.
» La mort, lui ai-je dit, est une fontaine à laquelle il faut boire tôt ou tard.
» Cessez donc de vous tourmenter, car si je ne meurs pas, je dois être tué.
» Je veux vaincre tous les rois qui déjà sont à mes genoux, craignant les coups de mon bras redoutable.
» Les tigres et les lions même me sont soumis.
» Les coursiers restent mornes comme s’ils avaient perdu leurs maîtres.
» Je suis fils d’une femme au front noir, aux jambes d’autruche, aux cheveux semblables aux grains de poivre.
» Ô vous qui revenez de la tribu, que s’y passe-t-il ?
» Portez mes saluts à celle dont l’amour m’a préservé de la mort.
» Mes ennemis désirent mon humiliation ; sort cruel ! mon abaissement fait leur triomphe.
- ↑ Mère d’Antar.