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pour faire la garde, il n’était pas encore de retour. Cachant son inquiétude, il fondit avec impétuosité sur Beni-Abess, suivi de tous les siens poussant leur cri de guerre. Les guerriers de Zohéir soutinrent ce choc terrible en désespérés, aimant mieux mourir que de vivre séparés de leurs amies. Des flots de sang inondèrent le champ de bataille. À midi, la victoire était encore indécise ; mais Beni-Abess commençait à faiblir. L’ennemi faisait un ravage affreux dans ses rangs. Zohéir, qui se trouvait à l’aile gauche avec ses enfants et les principaux chefs, voyant le centre et l’aile droite plier, était dans le plus grand embarras, ne sachant comment arrêter son armée prête à se disperser, quand il aperçut derrière l’ennemi un corps de mille guerriers de choix, criant : Beni-Abess ! Il était commandé par Antar, qui, semblable à une tour d’airain, et couvert de fer, accourait en toute hâte, précédé de Chaiboud criant d’une voix forte : — « Malheur à vous, enfants de Beni-Zobaïd ! Cherchez votre salut dans la fuite. Dérobez-vous à la mort qui va pleuvoir sur vous. Si vous ne me croyez pas, levez les yeux, et voyez au bout de ma lance la tête de votre chef, Kaled-Ebn-Mohareb. »