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put distinguer des cavaliers souples comme de jeunes branches, tout couverts de fer, accourant joyeusement au combat. À leur tête marchait un guerrier haut comme un cèdre, ferme comme un roc : la terre tremblait sous ses pas. Devant lui étaient des hommes liés sur des chameaux, et entourés de cavaliers conduisant plusieurs chevaux non montés. Ces cavaliers criaient : Beni-Zobaïd ! et leurs voix remplissaient le désert. C’était Mehdi-Karab, envoyé par Kaled pour dépouiller Beni-Abess. Il revenait après s’être heureusement acquitté de sa mission. En effet, arrivé à cette tribu au lever du soleil, il s’était aussitôt emparé de tous les chevaux, des meilleurs chameaux, et de plusieurs filles des premières familles. Mais Warka, ayant réuni à la hâte le peu de guerriers qu’il avait, s’était mis à sa poursuite. Se voyant atteint, Mehdi-Karab, après avoir envoyé son butin en avant sous l’escorte de deux cents cavaliers, avait attaqué le corps de Warka, qui, bien que très-inférieur en nombre, avait soutenu le combat avec opiniâtreté jusqu’à la fin du jour. Alors Beni-Abess ayant perdu la moitié des siens et Warka ayant été pris, le reste s’était dispersé. Mehdi-Karab, après cette affaire, s’était mis en route ; et ayant hâté sa marche, il arrivait à temps pour prendre part à l’action qui allait commencer. Il se mit aussitôt en bataille. À cette vue Zohéir s’écria : — « Voilà mes craintes réalisées ! Mais n’importe : que le sabre seul en décide ! Tout est préférable à la honte de voir nos femmes réduites en esclavage, et devenir des corps sans âme. »

Reçu avec des transports de joie, Mehdi-Karab, après avoir raconté son expédition, s’informa de Kaled, et apprit avec étonnement qu’étant monté à cheval la veille au soir