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Ablla ; mais il les trouva gardés par un nombre considérable de cavaliers. Kaled s’approcha également du côté où se trouvait Djida, se flattant que Beni-Abess ne tiendrait pas une heure entière devant lui. Il commença par attaquer les guerriers qui entouraient Zohéir, et parvint à blesser Chass. Son père se défendit comme un lion, et le combat dura jusqu’à la fin de la journée ; l’obscurité seule sépara les deux armées, qui regagnèrent leurs camps. Après des prodiges de valeur, Antar de retour apprit du roi que Kaled avait blessé son fils. « Par le Tout-Puissant ! dit-il, demain je commencerai par vaincre Kaled ; j’aurais dû le faire aujourd’hui, mais j’ai cherché à délivrer Ablla sans pouvoir y réussir. Une fois Kaled tué ou prisonnier, son armée se dispersera promptement, et nous pourrons alors sauver nos malheureux amis. Beni-Zobaïd verra que nous le surpassons en valeur. — Ô le brave des braves, répondit Zohéir, je ne doute pas du succès, mais je ne puis m’empêcher de frémir en pensant que Mehdi-Karab, à la tête de nombreux guerriers, est allé surprendre notre tribu, gardée seulement par mon fils Warka et un petit nombre des nôtres. Je crains qu’il ne parvienne à s’emparer de nos femmes et de nos enfants. Que deviendrons-nous, si demain nous ne sommes pas vainqueurs ! » — Antar ayant promis d’en finir le lendemain, ils prirent un léger repas, et se retirèrent dans leurs tentes pour y goûter quelque repos.

Au lieu de s’y livrer comme les autres, Antar, ayant changé de cheval, partit pour faire sa ronde, accompagné de Chaiboud, à qui, chemin faisant, il raconta ses tentatives infructueuses pour délivrer Ablla. « Plus heureux que vous, lui dit Chaiboud, après bien des efforts, je suis parvenu à l’aper-