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« Beni-Abess, surpris par l’ennemi, demeure dépeuplé. Un vent destructeur a balayé la place ; l’écho seul est resté.

» On vous a dépouillé de vos biens ; les hommes ont été massacrés ; vos enfants et vos femmes sont au pouvoir de l’ennemi. Entendez leurs cris de détresse ; ils appellent votre secours. Beni-Zobaïd est triomphant ; courez à la vengeance.

» Ô Antar, si vous voyiez le désespoir d’Ablla ! combien il surpasse celui de ses compagnes !

» Ses vêtements sont trempés de larmes ; la terre même en est inondée.

» Ablla, la belle parmi les belles !

» Courez donc aux armes ! le jour est venu de vaincre ou de mourir. Que la mort suive les coups de vos bras redoutables. »

À ce récit, Zohéir ne put s’empêcher de verser des pleurs. Son affliction fut partagée par tous les chefs qui l’entouraient. Antar seul éprouva une sorte de satisfaction en apprenant le triste sort de son oncle, cause de tous ses malheurs ; mais son amour lui fit promptement oublier le plaisir de la vengeance.

L’envoyé de Kaled, arrivé en sa présence, déchira ses vêtements en récitant ces vers :