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et craignant que son oncle ne l’eût, comme d’habitude, engagé dans quelque périlleuse entreprise, avait envoyé chercher Chidad, son père, pour en avoir des nouvelles. Ne pouvant en obtenir par lui, il en avait fait demander à Mallek, qui avait feint de n’être pas mieux instruit. Chidad alors avait interrogé Ablla, dont il connaissait la franchise, et en ayant tout appris, en avait informé le roi, dont les fils, irrités contre Mallek, s’étaient sur-le-champ décidés à partir à la recherche d’Antar, disant que s’ils le trouvaient sain et sauf, ils célébreraient son mariage aussitôt son retour ; et que s’il était mort, ils tueraient Mallek, cause de la perte de ce héros si précieux à sa tribu. Instruit du projet de ses fils Chass et Maalek, le roi avait résolu de se mettre lui-même à la tête de ses plus vaillants guerriers, et avait quitté la tribu, suivi de quatre mille cavaliers au nombre desquels était Mallek.

Pendant la route, celui-ci ayant demandé au roi quel était son dessein : « Je veux, répondit Zohéir, aller tirer Antar du mauvais pas où vous l’avez engagé. — Je vous assure, reprit Mallek, que je n’ai nulle connaissance de cela. Ablla est la seule coupable : pour en finir, je retourne chez moi lui trancher la tête. » — Chass, prenant la parole : « Sur mon honneur, Mallek, mieux vaudrait que vous fussiez mort. Si ce n’était par respect pour mon père et par amitié pour Antar, je ferais voler votre tête de dessus vos épaules. » — À ces mots, il le frappa violemment de son courbach, lui enjoignant de s’éloigner lui et les siens.

De retour à la tribu, Mallek, ayant réuni ses parents et ses amis, s’éloigna, suivi de sept cents des siens. Le Ra-