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les mit facilement en déroute, après en avoir blessé plusieurs. Il pensa ensuite à rejoindre son frère, dans la crainte que les bergers ne vinssent à se défaire de lui ; mais comme il se mettait en chemin, il vit une grande poussière s’élever du milieu du désert, et pensant que c’était l’ennemi : « C’est aujourd’hui, dit-il, que l’homme doit se montrer. » — Il continuait sa route lorsqu’il rencontra Chaiboud qui revenait vers lui. Il lui demanda ce qu’il avait fait de Djida et des troupeaux : « Quand les bergers ont aperçu cette poussière, répondit son frère, ils se sont révoltés et n’ont pas voulu continuer de marcher, disant que c’était Kaled qui revenait avec son armée. J’en ai tué trois ; mais vous sachant seul contre tous, je suis venu à votre secours. Mieux vaut mourir ensemble que séparés.

» — Misérable ! reprit Antar, vous avez eu peur, et avez abandonné Djida et les troupeaux ; mais, je le jure par le Tout-Puissant, je ferai aujourd’hui des prodiges qui seront cités dans les siècles à venir ! » — À ces mots, il se précipite sur les traces de Djida, que les bergers avaient déliée après le départ de Chaiboud. Elle était à cheval, mais souffrante et sans armes. Antar, ayant tué quatre des bergers sans pouvoir arrêter les autres, poursuivit Djida, qui cherchait à rejoindre l’armée qui s’avançait, la croyant de sa tribu. Mais quand elle fut au milieu des cavaliers, elle les entendit répéter ces paroles : « Antar, vaillant héros, nous venons vous aider, quoique vous n’ayez pas besoin de notre secours. »

C’était en effet l’armée de Beni-Abess, commandée par le roi Zohéir en personne. Ce prince ne voyant plus Antar,