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naissance de la tribu de Djida et de ses alliés, qui se mettraient à leur poursuite. Mais Antar s’y refusa, ne voulant pas retourner à Beni-Abess sans butin. « Nous ne pouvons, dit-il, abandonner ainsi les beaux troupeaux de cette tribu, car il faudrait revenir une seconde fois à l’époque de la noce d’Ablla. Attendons le jour ; quand ils iront au pâturage, nous nous en emparerons, et retournerons alors à Beni-Abess. »

Le matin, les troupeaux étant venus paître, Antar s’empara de mille nakas et de mille chameaux avec leurs conducteurs, les confia à Chaiboud pour les emmener, et resta pour chasser les gardiens, dont il fit un grand carnage. Ceux qui purent s’échapper coururent à la tribu dire qu’un seul guerrier nègre s’était emparé de tous les troupeaux, après avoir tué un grand nombre d’entre eux, et restait sur le champ de bataille, attendant qu’on vînt l’attaquer. « Nous croyons, ajoutèrent-ils, qu’il a tué ou pris Djida. — Est-il au monde un guerrier qui puisse tenir tête à Djida, et à plus forte raison la vaincre ? » dit Giabe, un des chefs les plus renommés. Les autres, la sachant partie de la veille, et ne la voyant pas de retour, pensaient qu’elle était peut-être à la chasse. Ils convinrent, dans tous les cas, de partir sur-le-champ pour reprendre leurs troupeaux. Ils marchaient par vingt et par trente, et rejoignirent bientôt Antar, qui, à cheval et appuyé sur sa lance, attendait le combat. Tous lui crièrent à la fois : « Insensé ! qui êtes-vous pour venir ainsi chercher une mort certaine ? »

Sans daigner répondre, Antar les attaqua avec impétuosité, et, malgré leur nombre (ils étaient quatre-vingts), il