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laeb, auquel il prit un plus grand nombre de chameaux que celui demandé par Djida, et revint chez lui triomphant. À quelques jours de là, comme il priait son oncle de hâter son mariage, sa cousine lui dit qu’il ne la verrait jamais sous sa tente, s’il ne lui amenait la femme ou la fille d’un des émirs les plus vaillants de Kaïl, pour tenir le licol de sa monture le jour de sa noce ; « car je veux, ajouta-t-elle, que toutes les jeunes filles me portent envie. » Pour satisfaire à cette nouvelle demande, Kaled, à la tête d’une nombreuse armée, attaqua la tribu de Nihama-Eben-el-Nazal, et, à la suite de plusieurs batailles, il finit par s’emparer d’Aniamé, fille de Nihama, qu’il ramena avec lui. Djida n’ayant plus rien à lui demander, il commença la chasse aux lions.

L’avant-veille de son mariage, comme il se livrait à cette chasse, il rencontra un guerrier qui, s’avançant vers lui, lui cria de se rendre et de descendre de cheval à l’instant même, sous peine de la vie. Kaled, pour toute réponse, attaqua vivement cet ennemi inconnu ; le combat devint terrible, et dura plus d’une heure ; enfin, fatigué de la résistance d’un adversaire qu’il ne pouvait vaincre : — « Ô fils de race maudite, dit Kaled, qui êtes-vous ? quelle est votre tribu ? et pourquoi venez-vous m’empêcher de continuer une chasse si importante pour moi ? Malédiction sur vous ! Que je sache du moins si je me bats contre un émir ou contre un esclave. » Alors son adversaire, levant la visière de son casque, lui répondit en riant : — « Comment un guerrier peut-il parler de la sorte à une jeune fille ? » Kaled, ayant reconnu sa cousine, n’osa pas lui répondre, tant il éprouvait de honte. — « J’ai pensé, continua Djida, que vous étiez embarrassé pour votre chasse ; et je suis venue