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bien ! quittez-le, ajouta sa femme ; allez ailleurs établir votre demeure : ne restez pas ici dans l’humiliation ; suivez les préceptes d’un poëte dont voici les vers :

« Si vous éprouvez des contrariétés ou des malheurs dans un endroit, éloignez-vous, et laissez la maison regretter celui qui l’a bâtie.

» Votre subsistance est la même partout ; mais votre âme une fois perdue, vous ne sauriez la retrouver.

» Il ne faut jamais charger un autre de ses affaires ; on les fait toujours mieux soi-même.

» Les lions sont fiers, parce qu’ils sont libres.

» Tôt ou tard l’homme doit subir sa destinée : qu’importe le lieu où il meurt ?

» Suivez donc les conseils de l’expérience. »

Ces vers firent prendre à Zaher la résolution de s’éloigner avec tout ce qui lui appartenait ; et, prêt à partir, il récita les vers suivants :

« J’irai loin de vous, à une distance de mille années, chacune longue de mille lieues. Quand vous me donneriez, pour rester, mille Égyptes, chacune arrosée de mille Nils, je préférerais m’éloigner de vous et de vos terres, disant, pour justifier notre séparation, un couplet qui n’aura pas