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dômes percés à jour, dont le large Danube le sépare, et de se dire en les perdant de vue : « J’aimerais à combattre, avec ce peuple naissant, pour la liberté féconde ! » et de répéter ces strophes d’un des chants populaires que son drogman lui a traduits :

« Quand le soleil de la Servíe brille dans les eaux du Danube, le fleuve semble rouler des lames de yatagans et les fusils resplendissants des Monténégrins ; c’est un fleuve d’acier qui défend la Servie. Il est doux de s’asseoir au bord, et de regarder passer les armes brisées de nos ennemis.

» Quand le vent de l’Albanie descend des montagnes et s’engouffre sous les forêts de la Schumadia, il en sort des cris, comme de l’armée des Turcs à la déroute de la Morawa. Il est doux ce murmure à l’oreille des Serviens affranchis ! Mort ou vivant, il est doux, après le combat, de reposer au pied de ce chêne qui chante sa liberté comme nous ! »